Extrait: Première lecture Isaïe 63, 16b-17, 19b; 64, 2b-7.
Vous voyez que le catéchisme du petit enfant Juif et celui du petit Chrétien ont au moins un point commun : les deux affirment que Dieu est Père ! Ce texte d’Isaïe date probablement de cinq cents ans avant le Christ, ce qui veut dire qu’il est vieux de plus de deux mille cinq cents ans ; or il est très clair sur ce point et sa prière ressemble fort au Notre Père. Il le dit même deux fois : dans le texte tel qu’il nous est proposé par la liturgie, cela forme ce qu’on appelle une «inclusion» ; la première et la dernière ligne sont deux affirmations identiques et elles encadrent tout le texte ; première ligne «Tu es notre Père, notre Rédempteur : tel est ton nom depuis toujours»… dernière ligne «Seigneur, tu es notre Père.» Suit l’image du potier : «Nous sommes l’argile, et tu es le potier : nous sommes tous l’ouvrage de tes mains.»
Image très intéressante, celle du potier, qui dit bien dans quel sens Dieu est Père : il ne s’agit pas d’une paternité charnelle semblable à la paternité humaine ; le potier n’est pas le papa biologique de l’objet qu’il crée ; il en est le créateur, c’est tout autre chose !
Et là, une fois de plus, Israël se démarque des peuples voisins ; car je disais tout à l’heure qu’on n’a pas attendu le Nouveau Testament pour appeler Dieu «Père», mais pour être tout à fait honnête, on n’a pas attendu non plus l’Ancien Testament ni le peuple hébreu ; les autres peuples aussi invoquaient leur dieu comme leur père ; par exemple, au quatorzième siècle avant notre ère, à Ugarit (en Syrie, au Nord de la Palestine), le dieu suprême s’appelle «El, roi-père.»
(…)
Marie-Noëlle Thabut est animée par la passion de la Bible qu’elle veut transmettre et mettre à la portée de tous. Pour cela, elle a étudié la théologie et appris l’hébreu biblique. Sa série d’ouvrages L’intelligence des écritures (Editions Artège) est un succès d’édition.
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