Une crise silencieuse frappe aujourd’hui les démocraties du monde.
L’éducation se plie aux exigences du marché de l’emploi, de la rentabilité et de la performance, délaissant la littérature, l’histoire, la philosophie, les arts et les humanités.
Dans ce livre intitulé « Les Émotions démocratiques. Comment former le citoyen du XXIe siècle ? », Martha Nussbaum, philosophe et professeure de droit et d’éthique à l’université de Chicago, traite un problème central de la philosophie morale et politique contemporaine.
Quelle éducation morale faut-il mettre en place pour former les citoyens dans les sociétés démocratiques ?
L’ouvrage se présente, selon les termes de l’auteure, comme un « manifeste » qui s’appuie sur certaines de ses recherches antérieures en faveur de l’enseignement des Humanités.
Elle part du diagnostic de l’opposition irréductible entre une éducation tournée vers la compétition et le profit, d’une part,
et d’autre part une éducation tournée vers la coopération et la démocratie (chap. 1), dont l’ouvrage propose de présenter les principes.
Ces derniers s’appuient directement sur sa réactualisation de la théorie aristotélicienne des vertus et sa théorie des capabilités.
On y trouve, sans surprise, la formation de l’esprit critique et d’une culture démocratique ; mais Nussbaum y ajoute d’autres capacités selon elle indispensables aux premières et trop souvent négligées – qu’elle place au cœur de sa réflexion, notamment : « la capacité de se préoccuper de la vie des autres, de comprendre ce que différents types de mesures politiques signifient pour les possibilités de vie et les expériences de tous ses concitoyens », « la capacité d’imaginer une variété de problèmes qui affectent l’histoire d’une vie humaine dans son développement » ; « la capacité de voir ensuite son propre pays comme une fraction d’un ordre mondial complexe » (p. 38). C’est précisément en raison de l’importance de ces capacités dans l’éducation morale et citoyenne au sein des sociétés démocratiques que l’auteure met l’accent, particulièrement dans le troisième chapitre qui est le cœur de l’ouvrage, sur la question des émotions morales.
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