Cet ouvrage de Martha Nussbaum intitulé « Capabilités, Comment créer les conditions d’un monde plus juste ? » , rassemble dans une visée didactique et vulgarisatrice, l’ensemble des théories sur les capabilités, développées depuis les années 80 avec (entre autres) Amartya Sen.
Un des objectifs affichés de l’ouvrage est de convaincre les acteurs publics (et en particulier institutionnels) du bien-fondé de cette « contre-théorie » et de leur donner des outils pour la mettre en œuvre.
L’approche des capabilités est en effet une contre-théorie qui s’appuie d’abord sur une critique de l’omniprésence de la richesse comme mesure de la qualité de vie notamment dans les sociétés occidentales.
L’approche des capabilités qui s’oppose au culte du PIB, élément de mesure de la richesse des pays qui focalise les attentions, est l’opérateur de toutes les comparaisons et est trop souvent considéré comme un juste reflet de la qualité de vie d’un pays.
Au-delà de cette définition en négatif, qu’est-ce alors que cette théorie des capabilités ?
Pour Nussbaum, il s’agit « des réponses à la question : ‘’Qu’est-ce que cette personne est capable de faire et d’être ?’’. »
C’est-à-dire un ensemble de possibilités, de libertés de choisir et d’agir: « il ne s’agit donc pas simplement des capacités dont une personne est dotée, mais des libertés ou des possibilités créées par une combinaison de capacités personnelles et d’un environnement politique, social et économique. »
Pour éclairer cette définition, Nussbaum distingue les capabilités internes (les caractéristiques d’une personne, qui ont trait à sa personnalité, ses capacités tant motrices que perceptives ou intellectuelles qu’il ne faut pas confondre avec les caractères innés d’une personne), des capabilités combinées (c’est-à-dire des capabilités internes « auxquelles s’ajoutent les conditions sociales, politiques et économiques dont le fonctionnement correspondant peut effectivement être choisi » .
Cette distinction souligne le rôle-clé joué par les politiques publiques pour mettre en place une approche par les capabilités.
Nussbaum propose alors de manière pragmatique, une liste de dix capabilités dites centrales, qui définissent un seuil minimum de capabilités, sur lesquelles s’appuyer pour mettre en place une politique publique fondée sur les capabilités.
Ces dix capabilités sont les suivantes :
- la vie,
- la santé du corps,
- l’intégrité du corps,
- les sens (associés à l’imagination et la pensée),
- les émotions,
- la raison pratique,
- l’affiliation,
- les autres espèces,
- le jeu,
- le contrôle sur son environnement.
Ces capabilités de base répondent pour Nussbaum au minimum exigé par la dignité humaine.
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