Ce qui est nouveau dans ce livre, c’est la présentation — une des premières tentée à notre connaissance — d’une subjectivité africaine. Par définition elle ne peut être que singulière et au nom d’une certaine idée que l’on se fait de la conscience nègre on ne manquera pas d’en accuser les traits « typiquement » occidentaux. Cela reste à prouver. Pour- quoi la conscience nègre ne connaîtrait-elle pas les tourments d’une conscience divisée, pourquoi le sujet africain ne serait-il pas un sujet barré ? Nous pensons au contraire que plus que tout autre, peut- être, eu égard aux malheurs des dominations qu’il a subies — le sujet africain est exposé au pathos existentiel que Mudimbe dévoile. Pourquoi nous renvoie-t-on toujours au stéréotype de l’Africain simple, naturel, proche de la vie, etc. ? N’y a-t-il pas dans cette référence des séquelles de l’idéologie raciste qui voue l’homme noir au préréflexif ?…
Certes, le personnage auquel Mudimbe s’intéresse est névrotique, il vit « l’écart », c’est un candidat à la schizophrénie, et il en meurt. Mais ce cas extrême pointe vers une situation que beaucoup d’intellectuels africains connaissent : la conscience malheureuse de leur non-lieu, l’impossible adhésion, et de ce point de vue L’Ecart est exemplaire
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