Edito
La notion de la société est plus complexe et soulève plusieurs problématiques. Dans le cadre du vivre ensemble (de modus vivendi), la plupart des cultures humaines considèrent qu’il n’y a pas d’harmonie entre les hommes sans vie en société. Un homme qui pourrait vivre en dehors de la cité n’en est pas un : il est soit une bête ou un dieu, dit Aristote.
Ainsi dit, l’Homme est un être qui se socialise, se forme, se cultive et s’humanise ; privé de lien social et isolé de ses semblables, il ne peut se développer. C’est au sein de la société que l’humain se réalise tant en bien qu’en mal si nous nous inscrivons dans la pensée de Jean-Jacques ROUSSEAU qui stupile : La nature a fait l’homme heureux et bon, mais […] la société le déprave et le rend misérable.
La pensée écologique, éveillée notamment par Hans Jonas, auteur de Principe responsabilité, étend la responsabilité à la prise en compte des effets de l’action sur les générations futures. Et Karl Jaspers défend l’idée d’une responsabilité collective de tout le peuple allemand et pas seulement des dignitaires nazis ou de leurs partisans, dans les crimes commis contre les minorités au nom d’une idéologie raciste.
Si d’une part, le principe de valeurs universelles n’est pas accepté par tous à cause de la diversité des cultures, d’autre part cependant, il y a les valeurs universelles sur lesquelles on ne peut négocier et qui concernent les hommes dans le temps et l’espace : dignité humaine, respect, liberté, égalité, fraternité, solidarité, tolérance, hospitalité, vérité, confiance, justice, harmonie, paix… ce que les philosophes ont appelé « Le vrai, le bon, le beau ».
Est-il possible de faire la différence dans ce monde des conflits, des rivalités et des intérêts individuels ? Oui, pour ceux et celles qui savent scinder les valeurs universelles et des antivaleurs, du partage aux égoïsmes individuels, de Moi et l’Autrui, du jeu et de nous, du général et du particulier, la vie et la mort, la souffrance et la joie, le bien et le mal, il est possible de faire la différence.
Aujourd’hui, pour obtenir sans crainte ce que nous voulons par égoïsme, l’humain dévore son semblable “L’homme est un loup pour l’homme” pour empreinte le jargon de Hobbes. L’adoption de la Charte des Nations Unies en 1945 et de la Déclaration universelle des droits de l’homme, en 1948, qui en est le prolongement. Ces textes importants sont venus inscrire un nouveau principe au chapitre de l’histoire de la civilisation humaine : la dignité et la valeur de la personne humaine.
Si la cité est organisée, les membres qui la composent doivent unir leurs forces pour protéger le bien commun au profit de tous. Le monde a besoin de nous tous pour protéger notre maison commune. C’est ici que nous devons tous être responsables du destin de notre humanité. Ce que Kant appelle la capacité à élever la maxime de l’action à l’universel, la responsabilité de l’agent s’adresse à la fois à sa conscience et à l’humanité tout entière ; une éthique de responsabilité qui oblige à assumer les conséquences prévisibles d’un acte, comme nous le dit Max Weber. Oui, l’avenir nous le dira.
Relisons notre histoire pour admirer dans l’Église catholique, en Afrique et dans le monde, certains hommes et femmes ont su faire la différence. Il est beau et merveilleux d’admirer la différence dans la manière d’être et de faire chez le pape François, mère Theresa de Calcutta, l’ancien président Julius Nyerere de la Tanzanie, Nelson Mandela, Annualité et tant d’autres. Et toi, quelle est ta différence dans les antivaleurs communes ? À chacun de donner une réponse et d’oser faire la différence comme le pape nous le recommande dans son encyclique Laudato si sur la sauvegarde de la maison commune au numéro 157 : « l’homme n’est pas seulement une liberté qui se crée de soi (…). Le bien commun présuppose le respect de la personne ». Pour tout dire, oser la différence.
Sœur Aimée Musenga
Rédactrice en chef
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